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Avr. 1, 2018

Le dernier rêve de Stu Mackenzie

Le King est mort, vive le King. 

 

 

 

Tristesse et désolation dans la communauté rock ce matin après l’annonce dans la presse spécialisée du décès de Stuart Mackenzie, leader du groupe de rock King Gizzard and the Lizard Wizzard. Le natif de Melbourne a été retrouvé dans son lit alors qu’il était en séjour chez son ami du groupe Mild High Club, Alexander Brettin. Les deux amis avaient récemment collaboré pour donner naissance à l’album Sketches of East Brunswick, unanimement acclamé par la critique et les fans. Une semaine après la sortie de Polygondwanaland, quatrième album de l’année 2017 pour le combo australien, c’est évidemment un coup dur.

 

Brettin s’est exprimé au micro de Mauvais :

 

« Je lui ai fait écouter une chèvre qui chantait des gammes harmoniques, ce sont des chèvres du riff marocain que j’ai eu moi-même l’occasion d’écouter lors du Taragalte festival il y a de cela à peine un mois. C’était d’ailleurs un moment incroyable, alors que la tête d’affiche allait entamer son troisième rappel j’ai été pris d’un immense sentiment de lassitude face à toute cette bonne musique que je ne comprendrai probablement jamais. J’ai alors pensé à Stu et je me suis demandé ce qu’il aurait fait dans un moment pareil. J’ai sorti un trip de la poche secrète de ma toque en vison et je me le suis envoyé au fond du gosier. Je me suis ensuite dirigé vers l’hôtel mais à la sortie du site il y avait ces chèvres qui faisaient une jam session, en cercle. Au centre du cercle l’une d’elles a entonné un chant, probablement traditionnel des chèvres du riff, et pour la première fois depuis le début du festival j’ai ressenti quelque chose de puissant et d’authentique. J’ai sorti mon fostex et j’ai fait une prise de huit heures de ces chèvres, là dans un champ, à deux pas de l’océan. Quand j’ai revu Stu je me suis dit qu’il fallait que je lui fasse écouter ça. J’ai vu que ça réveillait une émotion profonde chez lui, entre la fascination et l’horreur, comme s’il avait eu la vision de quelque chose de véritablement fantastique. Ouais.

 

Une question se pose alors chers lecteurs, était-ce un cadeau empoisonné ?

 

 

 

Le médecin qui a constaté le décès témoigne :

 

« La thèse de l’assassinat semble à exclure, tout porte à croire que Stu se serait lancé dans une entreprise de self tattoo. L’aiguille que les pompiers ont retrouvée à côté de lui corrobore cette thèse ainsi que les traces d’une portée et d’un début de clé de fa inversée à la manière d’un crucifix sataniste sur son bras gauche. La douleur aura provoqué un évanouissement puis une complication au niveau du cinquième métacarpe et là c’est l’infarctus. Le légiste devrait attester des faits plus précis. »

 

Après avoir discuté de la possibilité que le chant des chèvres du riff aient influé sur l’état de santé de Stu, le médecin n’a pas hésité à nous confier que “ce genre de mauvaises blagues” causait de plus en plus de décès et qu’elles étaient selon lui « la pire chose à observer ».

 

Polygondwanaland, l’album presque posthume de King Gizzard and the Lizard Wizzard.

Polygondwanaland, l’album presque posthume de King Gizzard and the Lizard Wizzard.

 

Nous avons également pu nous entretenir avec le dernier rêve de Stu. Malgré le choc, il raconte :

 

 

« Je ne me rappelle plus très exactement quand on a commencé à se voir tous les deux. Tout ce que je peux dire, et je sais que je ne vais pas me faire des amis en le disant, c’est que tout cela était plus qu’une passade. Stu et moi vivions une longue et belle aventure depuis plusieurs mois. Contrairement à ce que vous pourriez penser nous ne nous voyions pas uniquement la nuit, c’était un grand rêveur. Par exemple je le retrouvai souvent dans son bus de tournée alors qu’il posait la tête contre la vitre, il regardait le paysage défiler et je le rejoignait pour quelques heures.
Cette nuit là ?
Il faut dire qu’il était particulièrement perturbé. Depuis quelques temps déjà il me répétait : « Grandis ! Grandis ! Grandis ! » ; comme s’il voulait que je m’empare entièrement de lui. Cette nuit là, oui Stu était différent. Il avait comme une sorte de corne de bouc à la main, il m’a demandé si je voulais bien taper dessus, ça produisait un son creux et plat. Puis il m’a demandé de faire un trou dedans et de souffler très fort, comme dans une flute, cette fois-ci le son était presque divin, Stu jubilait mais il en voulait encore plus ! Alors j’ai transformé la corne en pyramide, puis en baobab puis en montagne enneigée comme le djebel Tidirhine. Je voulais lui donner toute la beauté de la nature et des hommes mais en voyant cela il a eu l’air apeuré. Comme il était terrifié j’ai tout séparé en deux univers, un qui ressemblait à ce qu’il connaissait, dans lequel il pouvait être ce qu’il voulait, et un autre, qui n’avait pas de nom afin qu’y prenne place tout ce qui sortait du premier monde et qu’il ne voulait ou bien ne pouvait pas voir : les cris de peine et de joie du baobab, les larmes de la montagne et le désir infini des pyramides. Il est alors devenu très vieux, ridé et blanc comme la mort et il m’a crié encore : “Grandis ! Grandis ! Grandis !“. Alors, j’ai tout fait disparaître pour que naisse un silence infini. J’ai fait grandir un silence long et fort comme l’humanité et Stu a poussé ce cri, le cri de celui qui crie tous les jours et que personne n’entend, sa peau est devenu une noire cicatrice et ses yeux deux crocodiles de velours rouge, il m’a souhaité un bon anniversaire et s’est enfui en volant comme une plume. Thrasssshhhhhh…

 

 

Ces témoignages d’une bouleversante sincérité malgré la douleur du choc devrait nous inspirer à tous l’envie de continuer à vivre avec la rage au ventre. Dans les coeurs des musiciens du monde entier régnera sans doute un peu d’amertume au souvenir d’un génie parti bien trop tôt ; il se peut malgré tout que dans vingt ans et après une centaine de best of et de coffrets gold-remastered-hologramme-transgenre-de-Noël, le grand public prenne lui aussi la mesure de l’héritage que nous laisse Stu.

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