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Le confinement érotique : liste non exhaustive

Journal de 20h, le présentateur, sourire en coin, annonce l’explosion des ventes de sex-toys. Pour beaucoup, et je ne peux que les encourager, confinement semble signifier se faire du bien, ralentir, s’écouter, explorer son corps, que ce soit seul, à deux, à trois même, qui sait.

 

Sur mon feed, je m’étonne du nombre de posts qui fleurissent, réclamant ce que les italiens ont déjà : l’accès gratuit à PornHub version Premium. Il semblerait que l’injonction de rester chez soi accélère nos habitudes de consommateurs. Alors oui, mille fois oui ! Sauf que malgré le choix colossal, PornHub est un vivier du male gaze. Difficile de trouver quelque chose qui ne soit pas écrit, filmé, joué par et pour les hommes, ou qui se rapproche un temps soit-peu de la vraie vie. Le porno mainstream est à l’érotisme ce que Picard est à la gastronomie. C’est facile à trouver, bougrement efficace quand on n’a pas le temps, mais ça finit toujours par avoir le même goût.Or suite aux dernières news, on est un petit milliard sur la planète à en avoir du temps. Alors est-ce qu’on en profiterait pas pour sortir des sentiers battus ? Je vous propose deux moyens différents de vous titiller les zones érogènes.

 

 

La première et la plus évidente est le porno réalisé par des femmes. Au détour de mes lectures, je tombe un jour sur le terme « porno féminin »… Je découvre alors un monde fantastique où les femmes n’ont pas toutes un bonnet D et une taille 36, où les hommes ne sont pas systématiquement filmés de l’épaule aux cuisses, avec des boas constricteurs flippants en guise de sexe. Tout un programme !

 

 

La réalisatrice incontournable de cette révolution est Erika Lust. Depuis plus de dix ans, elle réalise et produit des films ultra-esthétiques, transgressifs, et qui ont le don de mobiliser réellement nos sens. Le plaisir est filmé comme ce qu’il est, une vague aux multiples formes, allant crescendo, jusqu’à l’exposition. C’est sexy, tantôt simple et beau, tantôt désordonné et torride. Chaque film est foncièrement différent, inventif, avec, une fois n’est pas coutume, de vrais partis pris de mise en scène.

 

Si Erika Lust et ses équipes réussissent ce renouvellement constant, c’est sans doute grâce à leur plateforme : Xconfessions. Sur cette page du site, chacun peut à sa guise décrire un fantasme, qu’il soit réel ou inventé. Régulièrement, les équipes sélectionnent quelques pépites à retranscrire en images. De quoi se sentir inclus dans ce processus créatif.

 

 

 

 

 

Pour aller plus loin et comprendre l’importance de ce “female gaze” dans l’industrie pornographique, il faut voir Hot Girls Wanted : Turned On, disponible sur Netflix. En sélection officielle à Sundance, cette série de Jill Bauer et Ronna Gradus produite par Erika Lust, décortique notre rapport au porno : son omniprésence dans nos vies grâce aux technologies modernes, l’aspect presque “éducatif” que certains lui confèrent, et la dangereuse banalisation du racisme, de la violence non consentie et de l’objectification.

 

Les chiffres évoqués font froids dans le dos (un tiers des films pornographiques sur internet contiennent des actes d’agression physiques !). Heureusement que la révolution est en marche ! On se ré-jouit.

 

 

 

 

 

Puis, au moyen d’un peu plus d’imagination, il y a les bandes-dessinées aux parfums érotiques (mais pas queue).

 

La représentation d’images érotiques est ancestrale. Et avant l’avènement du cinéma, c’était dur de faire mieux que ça. À Pompéi, au détour d’un coin de rue on peut ainsi observer des gravures de chibres ailés et des peintures vieilles de 2000 ans, qui prouvent que la chasteté n’était pas de rigueur, bien au contraire.

 

 

 

À travers l’Histoire, les œuvres sulfureuses deviennent interdites et s’échangent sous le manteau. Courbet en est le plus fameux représentant. Mais difficile dans notre conception actuelle de jouir en regardant un tableau. La bande-dessinée a cela de plus efficace, qu’elle réussit à mélanger écrit et visuel. Mes premiers émois, sont d’ailleurs les BD « adultes » de mon père, qu’il ne réussissait jamais à enterrer suffisamment loin dans le grenier. Les corps bleutés d’Enki Bilal, les femmes parfaites d’Hugo Pratt et de Phillippe Franqc, ainsi que les scénarios occasionnellement coquins de Jean Van Hamme.

 

Adolescente, je découvre Balade au bout du Monde qui me laisse une vive impression, Epoxy de Paul Cuvelier et Van Hamme (moins sage cette fois-ci). Bien évidemment toute l’oeuvre de Milos Manara, véritable déclic, celle drôlement trash de Robert Crumb et enfin les ouvrages aux doux dessins colorés de Jimmy Beaulieu, qui raconte sensuellement le couple. Plus récemment, Le Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh, seule femme de ma sélection non-exhaustive et je le regrette. Magnifique ouvrage qui inspira le film La vie d’Adèle, qui ne tient pas tellement la comparaison.

 

 

En cette période de disette pour certains ou d’excès pour d’autre, n’oublions pas que pour le sexe comme pour le reste, l’appétit vient en mangeant. Alors pour que votre confinement soit agréable et qu’on en ressorte tous plus grands (non, pas vos phallus) : soyez patients et inventifs avec vous-même ou votre partenaire, et surtout enivrez-vous.

 

 

 

 

 

 

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