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Rome : La Suburre et Messaline

 

 

 

À cinq minutes du Colisée et du forum d’Auguste, une jolie fontaine fait office de nouveau point de rendez-vous des Romains à l’after work. Ils s’y posent en grappes pour boire les doux breuvages de Dionysos jusqu’à pas d’heure. Bienvenue à « Rione Monti », entre les métros Cavour et Colosseo, le quartier le plus subversif et dissident de l’Histoire de l’Urbs, la Rome du peuple, celle de la plèbe, bien loin des hautes sphères du Palatin ou du Capitole.

 

 

 

Entre petites ruelles sombres, escaliers dits Borgia et autres dédales sinueux parsemés de figurines de saints ou de madones, surgit la ruine flippante d’une immense bâtisse : celle d’un ancien couvent religieux féminin réservé à l’éducation des orphelines, et portant la trace des rafles dont furent victimes dans ce quartier les Zingari, c’est à dire les Tsiganes, Roms et gens du voyage, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Un joli bar où tournent les vinyles et où l’on peut s’enivrer de Negroni (le cocktail local) pour bien moins cher que son équivalent parisien, redonne heureusement un côté plus souriant à ce pâté de maisons. Mais attention, il faut savoir où l’on met les pieds : La Suburre, dans la Rome Antique, est un haut lieu de débauche, de crimes et de vie populaire (très populaire même).

 

Ayant logé quelques nuits via dei Serpenti, en pleine Suburre moderne, la voisine (charmante dame de 70 ans) me rapporte qu’une baignoire en or retrouvée dans la cave de l’immeuble aurait abrité les orgies de l’impératrice Messaline, rien que ça. De quoi m’intéresser, et vous ?

 

 

 

 

Messaline, c’est  l’Augusta meretrix , « la putain de l’Empire » comme la surnomme aimablement le poète satirique Juvénal. Sulfureuse, beauté fatale, femme-enfant… beaucoup de qualificatifs lui sont accordés. Une seule chose est sure : le gang bang sous l’Empire romain, ça la connait. Les spécialistes se vanteraient peut-être du premier cas de nymphomanie connu de l’Histoire, toutefois, permettez-moi d’en douter.

 

« Y’a pas que le cul dans la vie, y’a le sexe aussi », même dans la Rome antique.

 

Pour se situer un peu : La catin impériale épouse le futur empereur romain Claude en l’an 38, c’est sa troisième femme. Elle n’a que 14 ans à l’époque, 34 ans de moins que son mari. Elle serait bien sûr issue d’une grande famille : on la tient comme la petite fille du grand Marc Antoine (non, pas le chanteur mais le grand général romain proche de Jules César). Elle lui donne deux enfants : Octavie, futur épouse de Néron et Britannicus. « En dépit de la réputation sulfureuse de son épouse, la paternité de Claude ne semble jamais avoir été remise en question ». Merci Wikipedia.

 

 

Eugène Delacroix

 

 

UN MYTHE SEXUEL ?

 

Voir Messaline comme une grosse cochonne affamée de sexe est courant mais un peu facile. À travers ce qu’il nous reste de sources, on voit que son existence a fait fantasmer bien des hommes et des femmes à travers les siècles. L’historienne Catherine Salles relativise, comme d’autres historiens, la débauche de Messaline, en relevant qu’elle n’était finalement pas si inhabituelle que cela.

Antonio Dominguez Leiva nous livre, textes latins à l’appui, que Messaline « Non contente de consommer des armadas d’hommes, les faisait souffrir, les battait et les tuait quand ils ne voulaient pas l’honorer ; elle  n’hésitait pas à se vendre, en entraînant dans son sillage scandaleux d’autres femmes. » Messaline la dominatrice, ok, d’accord.

 

 

 

 

La Rome Antique, un monde politique et cruel.

 

Pour Pierre Grimal, elle aurait été au centre de bien des affaires politiques, pouvant à sa guise influencer Claude et être elle-même livrée à des manipulations diverses. L’Apocoliquontose, de Sénèque (écrit peu de temps après les faits, en l’an 54), la montre pourtant victime de son mari. Il lui dessine un destin plus tragique, avec à son cœur la mort de Néron, l’epoux d’Octavie.

 

 

 

 

 

Le problème des sources 

 

 

 

 

Raconter la vie des impératrices romaines n’est pas chose facile, les sources se confondent et dès qu’on pense avoir une information, elle se prête à son contraire. Les paroles qu’on lui prête peuvent par exemple être contestées, puisque rapportées à des dates de règne de Caligula, et non de Claude.

Et ce Juvénal qui la qualifie de putain de l’Empire, est-il vraiment fiable ? Monsieur étant poète, il est permis de se demander s’il n’a pas un peu cherché à pimenter les épisodes tragiques et épiques de la nymphomane impériale pour transformer son personnage en une splendide Nabila de cette Suburre des premiers siècles !

 

 

 

 

 

 

Pour les dépravations de sa vie, Messaline a payé le prix fort. La sanction qui lui a été réservée n’est pas la plus tendre : la « damnatio memoriae » (damnation de la mémoire) apprend-t-on… What’s that ? Les traces de son existence ont été effacées administrativement : son exécution, annulation des honneurs, etc. Aucun portrait n’est conservé : néant.

 

 

 

Construction littéraire ou biographie à nuancer, c’est l’imaginaire qui va développer ce qu’il reste de cette grande et jeune fille qui a pu influencer le pouvoir de l’Empire. Destin tragique, elle fut exécutée sommairement en 48 ap. J.-C., prise dans l’engrenage d’un complot sous l’indifférence la plus totale de son mari, puis noyée dans l’oubli, mais pas tout à fait, par l’effet du fameux Damnatio memoriae… Elle meurt sait-on, très amoureuse de Sillius, avec qui elle se marie, causant l’échec du 3ème mariage de l’empereur romain.

Messaline, pas si oubliée, a influencé beaucoup de réalisateurs… de toutes sortes… de films érotiques douteux, de péplum ringards ou groupe hard core…

 

 

 

 

 

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