G R A N D E —

“PARCE-QU’IL Y A UNE GRANDE IDÉE, GRANDE REVUE D’ACTUALITÉ À L’ORIGINE DU MUSIC-HALL” — le — tiret — indique — que — l’oeuvre — est — à — compléter — …

selon Tsirihaka Harrivel et Vimala Pons

C’est avec des étoiles pleins les yeux et le cerveau tout retourné que je vais vous partager une expérience unique de cirque contemporain avec Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel. Ces deux prodiges offrent généreusement, en plusieurs leçons de style, une session de rattrapage pour tous les péquenots insensibles aux arts du spectacle. Le show est nourri par une réflexion sur le langage qui, par un humour imagé et par des métaphores à la fois grinçantes et tordantes, retranscrivent la complexité des rapports humains. Et j’vous parle pas d’une mince affaire !

Le spectacle, GRANDE — a pris vie en 2016 à l’espace 104 avec “Tout ça, que ça” (boite de prod’ du spectacle), les deux protagonistes étant tout deux issus du même collectif, celui d’Ivan Mosjoukine qui produit le spectacle De nos jours (Notes on the Circus).

Le show commence avec le strip-tease de la Vimala qui ouvre le bal et nous en fait voir de toutes les couleurs avec 43 tenues qu’elle enlève une par une : la Betty Boop hawaïenne, le porte jarretelle numéro 1.2.3, la bonne sœur et la ceinture de chasteté… Nous assistons à l’effeuillage de la fleur Vimala qui rend hommage à la femme dans toute sa splendeur. Le voyage à travers le temps passe par différents costumes de civilisations variées et de fantasmes cachés.

Vimala se laisse écraser par la pression physique et psychique de l’amour, Tsirihaka se prend des coups de vent devant une porte, vole dans les airs… Le but de GRANDE — , c’est la lucidité face à la vie. Ils n’ont rien fait à part aimer l’Amour dans son état brut. Ce sont des couteaux qui volent avec un karaoké poignant, des cibles loupées, une apparition furtive des ennemis du monde humain, une dynamite explosive, un amour violent. Le duo s’amuse du quotidien, du vocabulaire métaphorique français : les jeux de mots n’en finissent plus de fuser.

“J’me sens totalement écrasée, moi… Moi j’voulais construire quelque chose avec toi… Quelque chose de grand ! J’sais pas, quelque chose de classique, quoi !”

dit Vimala Pons avec une colonne grecque sur la tête 

Tu mets le bouton sur PLAY du vinyle Victoire Chose. Une nostalgie non justifiée vient arracher ton cœur. Ce n’est pas de la tristesse, mais pas de la joie non plus.

Qu’il est bon de se balancer au rythme du vinyle tournant de la planète bleue… Un 33T blanc et fancy. Assez semblable au type de disque que tu peux dénicher dans un vieux disquaire pointu, par ses trompettes, ses cordes grinçantes et ses voix mélancoliques… Cette composition excentrique ressemble aux bizarreries du compositeur Cristobal Tapia de Veer (le génie de la soundtrack de la série Utopia) grâce aux parties électroniques.

Bref, ce dernier album-OVNI, produit par Teenage Menopause Records et arrangé par Olivier “Deux Mots” de Heimat, est sorti ce 15 février 2019. L’album soundtrack du spectacle est composé de mélanges de saveurs sensorielles. Tu veux voir ? C’est ici. La recette de cette réussite ? Une collaboration unissant TMR et Heimat qui repose sur une amitié entretenue par un relevé de bon goût, de confiance musicale et de laisser-aller. D’ailleurs, La pochette de ce 33t cristallise à elle seule l’étrangeté cosmique. Et depuis sa sortie, le skeud à planète bleue à fait parler la presse-papier qui s’est emparée de l’affaire (Télérama, Libé, France Culture, Le Monde, etc.). A-t-on déjà vu un pareil succès avec des sorties aussi déjantées ?

PLAY.

STOP. La schizophrénie infernale, l’amour fulgurant, tout se ressasse dans un mouvement perpétuel nous menant dans une danse de solitude, une solitude auto-suffisante. Si la tournée du spectacle est terminée, tu peux toujours te consoler avec le vinyle encore disponible sur le site de Teenage Menopause. De rien.