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Déc. 6, 2018

Amazonie – Pays où le ciel a choisi de faire un paradis

Pays vert, pays de lumière, pays où le ciel a choisi de faire un paradis, pourquoi veux-tu devenir un enfer?
Au lendemain des tragiques élections brésiliennes, nous avons choisi de vous faire partager notre séjour au cœur du “poumon de la terre” pendant une journée, afin de vous faire découvrir ses cultures, ses beautés et ses mystères. 
Nous aimerions vous faire quitter pendant quelques lignes ce monde désenchanté, pour voyager dans un lieu flottant et vertigineux, qui offre les dernières ruines de la magie amérindienne…

 

Nous arrivons au cœur de la jungle en pirogue, traversant un affluant du Rio Negro, l’esprit encore embrumé par les pollutions citadines de Manaus. Rien ne nous prépare à ce subit changement d’univers ; la première chose qui nous saisit, est le calme irréel de ce lieu. Devant nous, la magie nous ouvre ses bras : l’absence de vent permet un reflet parfait du ciel sur l’eau, ils se confondent de telle sorte que l’on ne peut plus distinguer le haut du bas. 
Nageons-nous sur les nuages ou volons-nous dans l’eau? Cette poétique illusion d’optique marque le début de notre voyage dans les tréfonds du possible. 
Les éléments de la nature semblent communiquer entre eux dans une compréhension parfaite. Ils interagissent silencieusement, en créant le mouvement simple de la vie. Par exemple, les arbres à moitié engloutis sous l’eau paraissent soutenir le fleuve. Le vent, lui, qui souffle en silence, pousse doucement notre pirogue, portée par l’eau. C’est cet équilibre harmonieux entre les éléments qui crée la vie.

 

Nous partons à la recherche de dauphins roses, les Boto rosa. Selon une vieille légende amérindienne, ce dauphin se transformait en homme pour aller séduire les jeunes filles. Il les ensorcelait pour les ramener jusqu’au fleuve, où il les noyait. C’est pourquoi, pendant leurs jours de règles, qui marquaient aussi la fin de leur innocence, les femmes devaient éviter de se promener sur le lac.

 

 

 

 

Nous arrivons dans un gîte au cœur de la forêt, tenu par un couple de franco-amérindiens adorables qui nous installent des hamacs au milieu de l’eau. 
Ici, nous découvrons la vie simple, calme et pure. Le temps s’arrête. Il n’existe plus rien en dehors de la douce sensation de flottement qui nous prend comme un vertige.

Le soir tombe. Autour du feu purificateur, Marinilda, notre hôte et descendante d’une tribu amérindienne, nous plonge dans l’univers de sa culture : semi-nomades, les indigènes d’Amazonie ne subsistaient que de pêche, de chasse et de cueillette, vivant en harmonie avec la nature. 
Leur religion repose principalement sur le culte de la nature comme force suprême. Pour eux, sa puissance se ressent dans chaque fibre de la forêt, mais aussi dans l’eau et dans l’air. Ainsi, chaque cri d’oiseau, chaque courant d’air, est un signal ; ce seraient des manifestations de cet être qui nous entoure et nous protège. 
Selon leur croyance, cette force divine relie les éléments de la nature entre eux. Tous les arbres de la forêt sont reliés sous terre par leurs racines ; en couper un seul condamnerait la forêt entière!

 

La nuit nous enrobe et nous nous endormons dans nos hamacs, portés par le chant incessant des oiseaux, des singes et de toutes sortes de bêtes qui habitent la forêt.
Mais à minuit pile, nous nous réveillons en sursaut : il n’y a plus aucun bruit. Même les cigales et les grillons ne chantent plus. Selon leurs croyances, c’est “l’heure de la prière“, où tous les êtres de la forêt se recueillent pour prier le dieu nature. Ce silence nous pénètre. 
Aujourd’hui, on sait que c’est le changement de température qui fait advenir ce phénomène, mais lorsque l’on vit ces minutes suspendues dans le vide, on ne peut s’empêcher de croire à une certaine forme de magie.

 

 

 

 

Dès le lendemain, nous nous rendons dans la jungle escortés par notre guide Pietro, qui a vécu toute sa vie dans la forêt. Sabre à la main, il nous fraye un chemin à travers les branches humides et verdoyantes.

 

La chaleur est pénible, mais plus nous nous enfonçons, plus nous ressentons l’énergie de la forêt. 
Sous la canopée, les arbres aspirent le Co2 et le transpirent en créant une sorte de vapeur humide. Laissez votre main longtemps sur un tronc, et elle sera moite! C’est cette énergie là qui pénètre notre corps et le purifie de l’intérieur.
La forêt nous lave véritablement, à la fois le corps et l’esprit. Notre guide nous fait goûter des fruits étranges, parfois des fleurs, lécher des écorces contre la malaria et même boire du lait d’arbre contre le mal de gorge. Nous sommes au cœur d’une véritable pharmacie naturelle. 
Nous découvrons un fruit appelé inga qui a une apparence de coton et un goût de bonbon. Le plus dur à supporter, c’est le taon. Cette petite bête ressemble à une simple guêpe, mais si elle vous pique, vous finissez à l’hôpital. Ces petits démons sont attirés par l’humidité, autrement dit, ils se collent à vous. Heureusement, notre guide les écrase à mains nues. 
Nous sommes des étrangers dans cet écosystème. Chacun de nos pas résonne dans la forêt et fait fuir les animaux, qui sont ici les rois.

 

 

 

Au bout de trois heures de marche dans cet environnement humide et brûlant, nous arrivons enfin à une cascade. Les rayons du soleil revêtent l’eau d’une magnifique couche dorée. 
Là, des traces de pas de jaguars, encore fraiches. On l’appelle ici le onça, et selon les amérindiens, il entendrait les battements du cœur humain. Pas très rassurant… Mais on oublie vite que la forêt est un lieu dangereux. Ici, l’eau est si pure qu’on peut s’y laver et se désaltérer. La vie naturelle commence à nous imprégner et on oublie l’existence des embouteillages. Pendant cette courte pause, notre guide en profite pour nous raconter une légende amérindienne qui explique comment une princesse devint un jour la fleur appelée Victoria regia

 

 

La légende raconte qu’une princesse indienne, Victoria, tomba un jour amoureuse de la lune. Toutes les nuits, elle se rendait sur la colline la plus haute de la forêt, d’où elle contemplait son bel amant céleste. Un jour cependant, lors d’une éclipse lunaire, l’objet de son désir disparut pendant plusieurs nuits. La princesse Victoria, désespérée, se priva de sommeil jusqu’à sombrer petit à petit dans la folie. Puis, une nuit, la Lune réapparut. Victoria, folle de bonheur, revint sur sa colline pour contempler son astre ; c’est là qu’elle vit son reflet au fond du fleuve devant elle. Sans réfléchir, croyant embrasser sa lune, elle sauta dans le vide, jusqu’à disparaître au fond de l’eau. Les dieux, touchés par cet amour fatal, firent renaître Victoria sous la forme d’une fleur vivant sur le fleuve, la Victoria regia. Cette fleur, habituellement fermée, s’ouvrirait à chaque pleine lune, pour embrasser le reflet de son amant éternel.

 

 

 

 

Enfin, notre guide nous mène jusqu’à un arbre gigantesque. 
Notez bien : Si vous vous perdez dans la jungle, trouvez un arbre comme celui-là et frappez dessus avec un bâton ; les vibrations sont si fortes, que la personne la plus proche pourra vous entendre. Devant l’immensité de cet arbre, une idée vertigineuse germe en nous : nous sommes des êtres microscopiques.

 

 

Cette expérience nous aura ouvert le cœur et les yeux sur la réalité du monde et ce qu’il est en train de devenir. 
Bien sûr, la culture amérindienne peut être considérée par certains comme primitive (cannibalisme, etc.) mais elle est surtout une preuve de la richesse de l’Amazonie et de la magie qui entoure ce lieu. Vous pouvez pleurer chers amis, l’humanité vient de signer un pacte avec le diable…
Sortir des accords de Paris et nier le réchauffement climatique, supprimer le ministère de l’environnement, quoi d’autre encore? Vous n’êtes pas au bout de vos peines, car le nouveau président brésilien entend déforester des zones protégées, surexploiter la forêt, y implanter des activités économiques, et même reprendre la construction d’une autoroute dans une des régions les plus préservées d’Amazonie…

 

Mais si nous pouvons craindre la fin de la protection du “poumon de la terre“, la survie de ses nombreux peuples autochtones est tout aussi préoccupante. 
Bolsonaro a pour projet de lever la protection de ces peuples qu’il considère comme un « obstacle au développement ». Son principal argument étant « les minorités doivent se plier à la majorité… (elles devraient) s’adapter ou simplement disparaître ».

 Celui qui s’appelle lui-même le « développementaliste » ne fera pas de cadeau à notre cher poumon et donc à la Terre entière. Et si nous ne faisons rien, cette planète ne sera bientôt plus qu’une boule de feu surexploitée, invivable, et dont la plainte résonnera dans notre silence…

Alors respirez un bon coup et à vos crayons!

 

 

 

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