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La France c’est nous : récit d’un 13 juin

Le 25 Mai à Minneapolis, George Floyd mourrait. Ses derniers mots, « I can’t breathe » sont devenus tristement célèbres. Rapidement des révoltes embrasent les États-Unis et finissent par gagner le monde entier. Au même moment en France, Assa Traoré continue un combat qu’elle a commencé il y a 4 ans pour connaître la vérité sur les circonstances de la mort de son frère Adama, décédé le 19 Juillet dans la gendarmerie de Persan, à la suite d’une arrestation. Ses derniers mots ont été, « Je n’arrive plus à respirer ».

 

 

 

Alors que le déconfinement est en cours en France le comité Justice pour Adama appelle à une mobilisation le 2 Juin devant le tribunal de Paris pour contester la nouvelle expertise médicale, jugée contradictoire, aberrante et raciste. La manifestation est interdite par le préfet, mais rassemble des milliers de personnes. Le samedi 13 Juin un deuxième appel à la mobilisation est lancé à Paris, mais aussi dans toutes les villes de France contre le racisme et les violences policières. Suite à un volte-face de dernière minute, la manifestation Place de la République devient statique, le cortège sera finalement interdit de départ et les manifestants dispersés.

 

 

Le lendemain, en voyant les titres de certains journaux, je me suis demandée si j’y étais vraiment, à cette manif. Je ne reconnaissais en rien les évènements décrits.

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai vécu une manifestation forte en émotions, non-violente, mais réellement frustrante. Frustrante car nous n’avons pas pu marcher. Non violente car malgré les gaz lacrymogènes, c’était calme. Forte en émotions car une banderole a concentré une bonne partie de notre haine. Cet évènement nous a surtout uni. « C’est nous la France » raisonnait autour de moi, comme une seule voix, pour des centaines de visages. Tous différents, tous ensemble. C’était un face à face puissant. L’incompréhension s’est aussi accrue à mesure que le temps passait et qu’il n’y avait aucune réaction de la part des forces de l’ordre. Nous avons dû rester presque deux heures, statique, avec cette banderole qui nous narguait.

 

 

 

 

 

 

 

Puis j’ai tremblé comme une feuille en voyant un homme monter à la force de ses bras depuis la rue jusqu’aux toits. Grâce à lui, nous avons été débarrassé des mots haineux, du message profondément débile qui flottait au vent. Et surtout nous avons pu nous concentrer sur autre chose. Sur les paroles d’Assa Traoré notamment, lorsque pour calmer les esprits elle a rappelé que peu importe notre sexe, notre religion, notre origine, notre orientation sexuelle, nous étions aujourd’hui unis, pour obtenir la justice et pour dénoncer le racisme.

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette manifestation je l’ai vécue comme une bouffée d’oxygène, car pendant un instant j’ai eu de l’espoir. L’espoir que la justice soit rendue, l’espoir qu’on désapprennent ensemble le racisme, qu’on s’écoute, qu’on donne la parole à ceux qui avaient des choses à dire. Ils étaient nombreux ce samedi-là. Difficile les jours suivants de continuer à croire à ce doux rêve.

 

 

 

 

 

 

 

En développant mes photos argentiques, j’ai pourtant retrouvé un peu de ce sentiment léger, cette sensation de fraternité, cette énergie déployée, une force jeune, vibrante. Alors l’espoir, comme un vieux pote, est revenu me saluer.

 

 

Nina Carracilly

 

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