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Photo prise par Basma Otmani Taswir
C’est depuis un petit restaurant kitsch à souhait de la banlieue de San Paolo que Robin nous Skype. Là-bas, ils ne servent que des trucs frits et il fait 40 degrés. Pas si glamour, la vie de rocker. Ça fait 4 ans que les garçons Alejandro, Robin et Pierre, arpentent ensemble le monde et ses planches pour présenter leur concert aux allures de conte musical. Les trois copains tissent avec leurs voix, leur guitare et leur corps, un univers où une mystérieuse machine dicte ses lois. Leur style ? Ils n’ont jamais trop su dire. En Europe, ils sont qualifiés de « rock latino », mais c’est vrai que quand on habite en argentine, ça ne veut plus dire grand-chose. Quoi qu’il en soit les garçons tracent leur route, parfois accompagnés d’un harmonica, et préparent une nouvelle tournée en Europe.
On peut en savoir plus sur cet engin dont vous nous parlez ?
Tout le spectacle tourne autour de cette idée. « Engine », c’est une espèce de machine volante qui flotte au-dessus des cieux. Une espèce de truc qui respire, mais que personne ne voit et tout le monde sait qu’il est là, et qu’il fait bouger les choses. Ça peut être une allégorie de plein de choses.
Une espèce de dieu quoi ?
Il se pourrait que dieu ce soit « Engine ». *rires*
En fait on est en train de chercher ce spectacle qui ne soit pas juste un concert, ni du théâtre, mais qui emmène les gens dans un voyage. Il y a des chansons où on essaye de le décrire explicitement. Et dans d’autres on raconte ce qui se passe en dessous, le chaos dans lequel on vit. Par exemple, on évoque les métropoles, les villes, et la dictature en Argentine. Et puis t’as des morceaux plus existentiels, moins spécifiques. Dans « un dia mas sobre la tierra », un mec trouve un cadavre dans la malle à souvenir de sa grand-mère et en fait, le cadavre, c’est lui. Et puis, après, « un jour de plus sur la terre » ça peut être compris en bien ou en mal, tu vois. Et voilà, au-dessus de tout ça il y a l’engin qui fait que tout ça se passe. Un truc ni bien ni mal. C’est une espèce d’invention, pas du tout une croyance religieuse, ni une secte !
Vous avez beaucoup voyagé ensemble. Quel est le souvenir le plus improbable que tu aies d’une tournée ?
On était allés jouer à Rosario, en Argentine. La ville dont Alejandro vient. Et ça faisait des plombes qu’on avait rien fait là, parce qu’on était en Europe et tout ça. Il était en train de faire un speech assez sérieux entre deux chansons en disant à quel point c’était bon de revenir à la maison. C’était dans un café plutôt grand avec peut-être 100 personnes assises. Et là, y’a un mec qui a bondi de sa chaise en criant « mais c’est vous ma maison ! ». On le connaissait pas du tout et là, il est monté sur scène nous faire un câlin. C’était hyper beau.
Et toi, petit frenchie, tu rêvais déjà d’Amérique latine ou tu t’es retrouvé au Brésil par hasard ?
Non, pas avant d’y aller pour la première fois, enfin si, mais un peu comme tous les parisiens. Tu sais le truc un peu cliché du « j’irai grave trois mois au Guatemala ». La première fois que je suis allé au Brésil c’était il y a à peu près 5 ans. J’ai trouvé ça ouf. Mais le Brésil c’est un peu à part dans l’Amérique latine, y’a un truc qui est hyper différent de l’Europe. L’Europe c’est le vieux continent, qui a dominé le monde entier et qui maintenant vit sur les restes de la fin de cette domination, sur une espèce de gloire passée. Pour moi, l’Europe peut se renouveler par l’immigration, mais ça reste un continent vieillissant. L’Argentine c’est un pays hyper jeune, ça a 200ans, quoi. C’est des pays qui sont encore sur des blessures hyper récentes, hyper fortes, des dictatures militaires qui ont moins de 30 ans et en remontant plus loin, il y a peut-être 400 ans que les peuples natifs ont été massacrés. Mais à Buenos Aires, c’est complètement européen. Le Brésil, c’est incroyable car c’est complètement mélangé. Mais il y aussi une force : une relation à la musique et à la danse.
Comme nos arrières grand-parents se retrouvaient dans les villages, dans les bals, les chansons qui appartenaient à tout le monde et tout le monde connaissait. C’était vivant, pas le dernier hit de Kanye West. Des chansons populaires, qui n’existent presque plus en Europe.
Je suis aussi ici pour apprendre pleins de trucs, il y a 12000 musiques, et 12000 danses qui sont aussi assez liées au religieux. Ici, tout le monde te parle des Orishas, qui constituent une sorte de panthéon de divinités, un peu comme nos dieux grecs, et que tout le monde respecte, même ceux qui ne sont pas religieux. Ça fait partie de la vie. C’est un truc dont on se nourrit. Juste simplement en étant au milieu de tout ça et en se laissant influencer. C’est un truc qui s’incorpore.
Après tu peux aller à Buenos Aires et écouter de la techno, c’est cool aussi.
Ne vous affolez pas, vous aurez la chance de les rencontrer, car ils débarquent le 15 mai en Europe et lancent la tournée à Paris le 20 mai ! Vous en profiterez pour les couvrir de bisous.