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Voilà une drôle d’histoire qui a le mérite d’être contée. C’est sûrement l’anecdote la plus connue au Royaume-Uni quand on parle d’incident relatif à la sécurité de la famille royale. Michael Fagan, peintre-décorateur, 32 ans au moment des faits, sûrement ivrogne et probablement drogué, entre par effraction à Buckingham Palace, l’œil vitreux et la démarche titubante, le 09 Juillet 1982.
Voici la légende telle qu’on peut l’entendre dans la bouche d’un anglais : l’homme, après une nuit bien arrosée, quitte ses amis aussi ivres que lui en leur promettant qu’il va aller réveiller la reine dans son palais, pour lui arracher un baiser, dit-on. Il réussit à s’introduire dans le palais par on-ne-sait-quel-miracle et à trouver, parmi les quelques 775 pièces du palais, la chambre de la reine, après avoir volé à boire dans une autre chambre. Il ouvre les rideaux, réveillant sa sommité. Elle s’écrie d’abord ‘Mais que diable faites-vous ici ?!’ avant de se raviser en voyant l’état de l’individu, ensanglanté à la main et complètement soûl. L’histoire raconte qu’elle écouta Michael vider son sac à propos de ses problèmes conjugaux pendant près de 10 minutes. L’incident aurait prit fin quand l’intrus lui aurait demandé une cigarette.
La vérité est en réalité encore plus cocasse que la légende. Non seulement Michael Fagan s’est introduit dans le palais, mais il l’a fait à deux reprises ! La première fois, il escalade les grilles de 4,3 mètres de haut du Buckingham Palace et s’introduit dans le palais par une fenêtre entrouverte donnant sur la chambre d’une bonne. Elle donne l’alarme mais quand elle réapparaît, le clandestin a disparu et elle se fait traiter d’affabulatrice. Il déambule alors dans les couloirs pendant près d’une demi-heure, grignotant, volant du vin californien bas de gamme dans la chambre du prince Charles, et pissant sur la nourriture des chiens royaux. Il rapporte à The Independant que lorsqu’il a réussi à sortir sans se faire repérer, il était sous le choc. C’est ce qui l’aurait poussé à recommencer. Il revient donc sur les lieux du crime le 09 Juillet 1982, la fameuse nuit du scandale. Cette fois, il escalade le palais à l’aide d’un tuyau et se hisse sur le toit. Y abandonnant ses sandales, c’est pieds nus, un anorak trop large sur le dos, qu’il rentre dans la chambre de la reine et la réveille. En réalité, la reine trop effrayée par l’incident, saute de son lit dans sa chemise de nuit à fleurs et cours pour lui échapper. Elle appelle sa sécurité et la police mais rien n’y fait, personne ne l’entend. Les alarmes qu’il a déclenché ont été prises pour des erreurs. Finalement, l’intrus demande effectivement une cigarette à la reine et celle-ci l’envoie trouver sa femme de ménage qui le conduit dans le garde-manger. C’est là qu’ils rencontrent un valet qui s’exclame à sa vue : ‘Eh ben bon sang mon gars, t’as la tête de quelqu’un qui a besoin d’un verre !’. Il lui sert alors un bon scotch tout en contactant la police qui vient l’interpeller.
C’est Michael Fagan lui-même qui rétablit la vérité dans son interview en 2012, où il se livre à la presse. Ni baiser volé ni discussion au creux de l’oreiller, donc. Il raconte l’histoire, détendu, se risquant même à plaisanter. En parlant du valet Paul Whybrew, il ricane : ‘C’est un bien drôle de nom pour quelqu’un qui vous offre un verre !’, faisant référence à son nom de famille, qui veut dire littéralement ‘pourquoi brasser (la bière)’. Il ajoute aussi, se rappelant vaguement des événements, que dans les quelques mois précédent l’incident, il aurait mit trop de champignons hallucinogènes dans sa soupe. Il clame être resté sous l’emprise de cette space-soup pendant près de deux ans ! Voilà qui nous éclaire sur son comportement…
L’évènement, bien qu’à peine croyable, a provoqué à l’époque un véritable scandale quant à la sécurité de la famille royale. Si les journaux le désignent comme un ‘pranker’ (farceur) plus qu’un criminel, les retombées ont été considérables au point de pousser le Ministre de l’Intérieur de l’époque, Willie Whitelaw, à présenter sa démission à la reine. Michael Fagan ne sera jamais condamné pour son acte, le bâtiment n’étant pas considéré comme un bâtiment privé avant 2007. Il le sera pour d’autres délits pourtant, comme outrage à agent, nudité dans un lieu public ou même trafic d’héroïne.
La sécurité du Buckingham Palace, aujourd’hui, est évidemment bien mieux rodée, alors pour ceux à qui cela aurait donné des idées, réfléchissez-y à deux fois… !
Yo, ma Reine, t’aurais pas une clope stp ?
Fév 2017