Métrozoopolitain

Image : Illustration d’Etienne Motais de Narbonne.

 

 

Le Métro, curieuse faune,
Est un ténébreux théâtre animal,
Aérien et souterrain dédale
Que dirige la Perséphone.
Des tortues sortent des wagons ;
Quand je m’aventure dans ce lombric,
M’assaillent des haleines de dragon
Et des venins de vieux aspics.
Arrêt : s’ouvrent les lourdes portes,
Et claquant leurs sabots d’un galop fou,
Nous assourdit tout un troupeau de gnous ;
Nous fuyons comme un seul cloporte !
Rustres résidents du zoo
Gardent de leurs guerres, Waterloo,
Austerlitz, rixes, et autres batailles,
Des défaites et des médailles.
Vous qui recherchez quelque siège,
Les folles hyènes gardent leurs places,
Et l’espace se mue en privilège
Sur lequel fondent des rapaces.
Savez-vous comme je vous plains ?
Ô vous, les sagaces babouins !
Ô vous, les fragiles marsouins !
À ce vice, trop peu enclins.
Prisonnier de cette verrine,
Comprimé par deux pachydermes,
La sueur inondant mon épiderme,
Je convoque l’agilité féline
Pour m’échapper de cette ligne,
Cet Enfer aux harpies malignes !
Je me commande une rose praline
Sur le quai ; Deux beaux tourtereaux
S’aiment, se bécotent et se câlinent ;
Couple pur, doux mirage du métro !
Irradiez de votre amour
Cette hostile Jungle qui nous entoure !

Poésie
Métrozoopolitain
Par Kamal Tijane
Fév 2017
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