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Juin. 19, 2022

We Love Green, la plaine mélancolique de Gorillaz

  

Jeudi 2 juin 2022 avait lieu la première soirée du festival We Love Green avec en tête d’affiche le groupe inclassable et culte : Gorillaz ! C’est imbibé·es du fameux cocktail café/vanille/vodka, le yushka de Maïa, que nous entrons dans le bois de Vincennes. Sans le savoir, nous nous apprêtons à pénétrer dans un monde utopique insulaire, porté·es par la douce voix de Damon Albarn.

Une célébration engagée

Nous arrivons tardivement au festival après une belle fin de journée baignée de soleil. Un stop dans la forêt donne le ton mystique de cette soirée. S’ensuit une entourloupe pour introduire clandestinement un appareil photo. Après une négociation houleuse, deux clopes pour le vigile, je passe avec ma précieuse caméra. Nous entrons alors dans cet écrin de verdure devenu un microcosme où la solidarité et l’expérimentation forment un tout. 

L’ADN de We Love Green n’est autre que l’engagement : la volonté de sensibiliser et d’amener à repenser notre monde, le réparer, le transformer, pour que la civilisation et la nature puissent enfin cohabiter sans que l’une et l’autre ne se détruisent. Sonnent les coups de 22 heures et le soleil s’enfuit, pour faire place à une énergie tout aussi radieuse mais venue d’une autre dimension, celle de Gorillaz.

Bienvenue sur l’île 

Qui de mieux que 2D, Murdoc, Russel et Noodle pour inaugurer cette première soirée ? Derrière ces personnages se cachent Damon Albarn et Jamie Hewlett, deux génies britanniques. Au fil du temps, ils ont dessiné un monde fictif pour extraire l’essence de l’amour, dans ce monde qui s’effondre dans la fausseté et la quête d’une richesse matérielle. Nous entrons dans un univers héritier du punk anglais des années 70-80. Avec pour inspiration (parmi un millier d’autres) The Clash dont deux des membres ont rejoint nos quatre amis sur l’album Plastic Beach

For me the Clash were atomic, they were like what the scientists are doing at CERN in Geneva,

smashing 800m protons into each other to recreate the events at the beginning of time”

Murdoc

Sur cette île étrange, nous dansons et devant nos yeux s’enchaînent les invités et les choristes sous le regard du quatuor de comics animé. Le collectif et la collaboration entre artistes est l’essence du groupe. La sublime Fatoumata Diawara, musicienne et actrice malienne nous illumine par son aura sur le morceau Désolé. Les éléments fusionnent pour ne former qu’un seul et même ensemble harmonieux. 

Paradoxalement à notre sensation de légèreté, les paroles nous agrippent à la réalité. Damon Albarn interprète Kids with Guns qui fait douloureusement écho à l’actualité, décrivant les sensations dangereusement intenses et destructrices qui nous prennent lorsqu’on tient une arme. La création de monstres adolescent·es hypnotisé·es dont la réalité biaisée les mènent à la destruction. 

Puis c’est avec le puissant chef-d’œuvre Pirate Jet, dernier morceau de l’album Plastic Beach que résonne le paradoxe de Gorillaz à la fois sombre et optimiste, triste et merveilleux. 

Pendant une heure et demi, les titres défilent et nous passons d’un univers à un autre au fil du style inclassable et éclectique du groupe. Gorillaz est un observatoire musical et Damon Albarn le conteur d’une époque : la nôtre. Nous sommes sur une île où le temps se dilate. C’est pour ce soir un remède intangible et spirituel.

Et l’histoire prend fin avec Moderat

Pour clôturer et porter un coup magistral à notre bonheur, nous tombons sur Moderat, le morceau New Error heurte de la foule. Il n’en fallait pas plus pour nous projeter dans la scène mythique de Laurence Anyways de Xavier Dolan. 

    

Cette séquence sur une île fictive où les protagonistes débordent d’amour, est le manifeste d’un désir de vivre. Une envie de liberté émane, bercée par le rythme des sonorités hypnotiques. Sur le chemin du retour, c’est la voix cassée et essoufflée après un sprint, que nous quittons cette île aux allures de rêve. Presque comme au ralenti, affranchi·es mais un peu plus conscient·es du monde qui nous cerne. 

Inès Lecointe

We Love Green, la plaine mélancolique de Gorillaz

Juin 2022

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