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Mai. 6, 2019

Teenage Menopause Record : interview de mi-temps

L’adolescence ménopausée, est-ce un oxymore ? Quel enfant-adulte se cache derrière ce nom pour le moins provocateur ? Quelle part l’un de l’autre contient ce label indépendant fondé en 2013  par François Aptel et Elzo Durt ? Si tous les journalistes nous vendent les mérites du François comme l’homme-avion (oui, Frooz sait voler !),  de nombreuses questions restent encore en suspens.

 

 

Avec ses dernières sorties respectivement techno et punk, UBV76 et Prince Harry, le label reste fidèle à sa trajectoire brute de décoffrage et les furieux sont toujours en nombre pour en réceptionner la galette. Si la jeunesse est le fer de lance de la musique, il serait juste de questionner François pour savoir à quoi fait écho son présent. Entre rêve d’ado et monde de vieux schnock car après l’heure c’est plus l’heure.

 

 

MauvaisMagazine : Le label, tu le rêvais comment et il a quelle gueule aujourd’hui ?

 

François Aptel : Tout s’est passé si vite, tout droit, très fort, alors je ne sais pas si on a eu le temps de rêver à quoi que ce soit. La première étincelle, ça a été « pourquoi pas nous ! » puis « bon, va falloir s’y mettre ». Mais dans l’idée, on a toujours été très inspirés par nos pairs; on essaye toujours de faire mieux et de se dépasser un peu à chaque sortie.

 

 

MM : Comment s’est crée ton label ? Quels changements depuis ?

 

FA : Alors, c’est très simple : on ponçait depuis quelques temps déjà les concerts entre Paris et Bruxelles avec Elzo, témoins de l’émergence de Born Bad, Plastic Spoons ou encore XVIII. On voyait des groupes fous tous les week-ends et un soir, en 3ème jour d’after, devant Catholic Spray dans la salle du bas de la Machine, ça s’est présenté comme une évidence : « Wha ! Ça bute ! Viens, on monte un label et on sort un 7inch de Catho ! ». On le dit à Cypr, qui le beugle direct au micro… La suite, c’est 30 albums et deux 45tr… 


Des changements ? Oui ! Continuellement. La stagnation c’est la mort.
 On ajuste, on peaufine, on prospecte, on tente des trucs, puis on en fait d’autres. Disons qu’au début on était clairement novices, on ne savait pas trop comment étaient fabriqués les disques, les coûts, ni les différents acteurs du game. JB de Born Bad, pour qui Elzo faisait déjà des pochettes, a rendu tout ceci possible en nous épaulant à tout instant. 
Puis on apprend le reste sur le tas et on accumule en permanence des nouveaux skills. Rien n’est acquis. On passe notre temps à échanger avec les autres structures du tieks. On partage les combines. On est une bonne guilde maintenant, entre les structures plus installées et pérennes Born Bad, Pan European, Tigersushi, Pouet Schallplaten, ou les plus récentes comme Demord Enregistrements, Vastes Choses, Unkown Precept… On essaye de faire les trucs intelligemment ! 
Une pensée à Delphine de Demord qui a fait les colis de Teenage aujourd’hui, parce que je suis absent depuis quelques jours ! Sœur !

 

 

 

MM : Quel est ce côté féminin, ménopausé de ton label ? Est-ce un aspect désillusionné de la musique, de la vie ? TMR est-il féministe ?

 

FA : Le blaze n’a rien à voir avec tout ça ! On refuse de voir notre adolescence se terminer, et quand on a décidé de sortir ce disque de Catholic Spray, il nous a fallu un nom. Après quelques intéressantes tentatives on a trouvé celui-ci qui nous collait bien : « Teenage Menopause ». 
À en croire les mails qu’on reçoit des associations américaines d’aide aux personnes malheureusement atteintes, le nom fonctionne assez bien là-bas aussi ! 


 

Et si TMR est féministe ? TMR, c’est un peu notre moyen de combattre la morosité du quotidien à notre manière. Alors j’ai un profond respect pour les combattant.e.s de tous poils. Surtout lorsqu’il s’agit de combattre par l’empathie, et le respect mutuel. Ici pas de place pour les intolérant.e.s et les fier.e.s à bras de tout bord. Ici règne l’individu quel qu’il soit, dans toute sa grandeur et surtout dans ses faiblesses. C’est là qu’il/elle se révèle vraiment ! Faut vraiment pas baisser les bras, parce que le combat pour le respect de chacun.e.s est de ceux qui ne finissent jamais. Et dans un milieu comme la musique surement plus que dans d’autres. Sous couvert de pseudo-ouverture d’esprit, je croise sans cesse des Ayatollahs du dimanche, bien nauséabonds !

 

 

MM : Dans la bande à TMR y’a-t-il de mauvaises fréquentations ? Un copain indispensable ?

 

FA : La bande TMR est vaste et elle change tout le temps au grés des envies de chacun et des rencontres. On est tous génialement mauvais par moment, des fulgurances ! … Cela fait quelques mois maintenant que je gère solo un peu tous les aspects du truc, mais je reste très bien entouré. Elzo sait se montrer très effacé et disparaître, mais quand il déboule, que ce soit pour faire la foire ou faire face à un truc relou et dénouer un problème, c’est le mec qu’il faut ! Dans les bons, comme dans les mauvais moments, c’est mon gars sûr !

 

 

 

 

François et Elzo en 2013 : rétro futuriste ?

 

 

 

 

MM : Parle-nous du prochain plateau du 7 mai au Petit Bain, ça vaut une bonne fugue du foyer parental ? Pourquoi ?

 

FA : Wha ! Bin, le meilleur argument, c’est Nicolas (le grand barbu derrière la programmation de l’Urban Spree à Berlin) qui l’a trouvé lorsqu’on a dévoilé le line-up :

 

 


«- Ah bah super ! C’est 1 mois de programmation d’un club chanmé … mais en un soir ! »

 

 

Sinon, on est super fiérots, ouais, de rassembler tous ces projets, qui accessoirement sont tous amis et apprécient leurs musiques respectives, pour célébrer ensemble ces deux sorties, mais pas que … C’est aussi, pour ma part, la conclusion de quelques mois bien intenses. Mon boulot, le vrai + 6 sorties d’albums pour Teenage… Un bon gros tunnel ! 
Et tous les groupes s’investissent à fond en préparant consciencieusement des lives pour l’occasion. UVB76 va dévoiler pour la première fois un live audiovisuel, entre écrans et machines, pour un résultat immersif assez maboul. 
On a même Container qui vient balancer son live unique, dont ceux qui étaient là à la Villette Sonique y’a 4 ans se souviennent encore, émus ! Puis une super copine (poke) qui viendra clôturer tout ça jusqu’au matin, comme elle sait si bien le faire. On balance son blaze dès qu’on peut, promis, mais elle est bien sollicitée ces temps-ci, alors on se plie à ses impératifs, mais tu vois, même elle, elle voulait soutenir l’affaire ! Ça fait plaize !

 

 

 

MM : Ton premier vinyle acheté ? La sortie sur ton label qui t’as le plus marqué ?

 

FA : Pfiou ! Les premiers Cds c’était des trucs de rap francais… genre Hostile Hip Hop II, dans sa boite en métal… Trop stylé, trop re-fié ! En plus y’avait un avion de chasse sur le livret ! Après j’ai eu une grosse période New York Hardcore, et des trucs de Straight Edge… Ça a été mes premières prospections. Et ça correspondait aussi avec mes premiers achats sur internet. 
Maintenant, c’est tout azimut. Je peux chopper des trucs de spirit reggae roots. Genre Dadawah. Ou bien des trucs d’électronique chelou sur Kneklehuis : Voilà… Entre Hostile Hip Hop et Zaliva D ! héhé !

 

Et tu me demandes LA sortie ?? Impossible… Elles me marquent toutes, mais chacune est différente. C’est surement clicheton d’énoncer ça de la sorte. Mais elles sont toutes associées à leur lot de stress, et ensuite de réjouissance ! Que de souvenirs ! 
L’autre fois, à l’invitation de Néoprisme, un media qui se consacre aux artworks, on a exposé les 30 pochettes du catalogue… Bin, voilà ce qui marque ! Cimer les gars et les nanas pour ces 30 disques ! C’est vous les chefs !

 

 

 

 

 

 

 

MM : Ta première castagne ? Un coup de gueule à sortir sur l’organisation générale ? Des coups de force nécessaires ?

 

FA : Première castagne ? J’ai grandi à Argenteuil dans les 90’s, autant te dire que ça remonte. Surement pour défendre mes thunes du cinéma ou bien mon walkman. En tout cas, ça forge le caractère, semble-t-il ! 
Un coup de gueule ? Surement contre la gratuité des choses ! 
Tous nos actes ont des conséquences et un impact. On est acteur des choses. 
Les gens s’imaginent à tord, depuis l’avènement de la 4G dans toutes nos poches, que rien n’a de valeur. C’est faux. 
Le moindre concert, disque, livre, article, t-shirt ou assiette dans un restau a un coût, humain d’abord. On n’a jamais eu autant de production de contenu que ces dernières années, pour le meilleur et surtout pour le pire. Mais rien n’est gratos ici bas. Pour avoir des trucs Deutsche Qualität, faut que chacun puisse vivre décemment et se voir un minimum rétribué pour sa création. Soyons fiers de ça et soutenons-le. Avoir des lives qui butent, des soirées mémorables et des artistes créatifs : ces conditions ont un prix, aussi minime soit il.

 

 

MM : Le premier album sur lequel t’as perché ? Le disque le plus planant WTF que t’as sorti ?

 

FA : Wha ! Je ne sais pas ! Y’en a tous les jours des disques qui me perchent ! ça dépend tellement de mon humeur du moment, de l’environnement. 
Allez, admettons quand même que dans le flot discontinu de sortie, seulement certains restent. Dans ceux-là, il y a « Electric Storm » de White Noise, par exemple. 
J’aime les disques OVNI qui racontent de chouettes histoires, des méandres dans lesquels se perdre. Ceux qui s’affranchissent de pas mal de règles.

 

De ceux qu’on a sorti avec Teenage, y’aurait évidemment le merveilleux album d’Heimat, entre album-concept, expérimentation musicale, chanté dans une langue inconnue et pourtant usine à tube imparable ! Plus récemment et finalement assez peu éloigné car on y retrouve Olivier Demeau à la genèse, c’est Victoire Chose, de Tsirihaka Harrivel et Vimala Pons : la musique extirpée de leur spectacle GRANDE—. Le projet est parti d’un sentiment, d’une envie, sans savoir où il aboutirait ! Finalement, à l’écoute, c’est encore un sacré chouette moment dans lequel s’immerger ! 
Et puis, dans un tout autre domaine, le dernier en date, UVB76, dont les influences et le matériel glanés au court de leur long périple à travers l’Asie ont apporté un contenu assez maboul à la narration de l’album. 
C’est un voyage à pas cher ! 
Moi-même, je ne m’attendais pas à une telle succession chez Teenage ! On ne se ferme à rien, c’est finalement peut-être ça, le WTF ! héhé ! 
Passer de Catholic Spray à UVB76 en passant par le « Rapist » de Scorpion Violente, deux Essaie Pas, un titre néo-folk de The Horrorist et la musique de GRANDE—. De la cave de la Mécanique à France Inter… Tranquilles, en toute détente ! 
Comme ils disent sur Konbini : “LA SUITE VA VOUS ÉTONNER“… Les fomblards !

 

 

 

               

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




MM : Ta crise d’ado ? L’album le plus anti-parents ? 


 

FA : Ma crise d’ado ? Haha, faudrait demander à ma sœur, tiens ! 
J’étais tout le temps dehors sur mon vélo, dans la rue, alors je ne sais pas trop. En tout cas, ça fait quelques années que je ricane ! 
L’album le plus anti-parents ? Y’a quand même quelques manifestes chez Teenage ! Disons que le plus adolescent restera surement le premier Catholic Spray. Quand j’y repense ! haha ! On était tous surrex à l’époque, et le monde nous appartenait ! BANG ! Le Cockpit est pas mal dans le genre, on y retrouve la même urgence insatiable ! Avec sa formidable pochette de Silio Durt, le frère d’Elzo ! Il nous a gâté avec cette folie en perles de plastique, amalgamées entre elles !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MM : Fils à papa ou fils à maman ? L’artiste que t’as le plus materné ?

 

FA : Plutôt gendre idéal ! Et si les artistes sont de grands enfants, ils sont très susceptibles alors on va s’interdire « materner » ! 
En tout cas, on a des relations très fortes avec la plupart d’entre eux ! 
Que ce soit avec Le Prince Harry, Geoff de Jessica93Luca de Ventre de Biche pour les plus anciens ou encore Gaetan et Tioma de UVB76, je pense – et j’espère – qu’au fil des disques, ensemble, on entretient des relations qui vont au-delà de Teenage. Je pense à Geoff et Luca, c’est compliqué pour un artiste solo qui crée, compose, enregistre et tourne solo, dans son coin, en vase clos, et qui a peu de recul sur sa musique. Alors on se parle beaucoup, on se fait part de nos hésitations et de nos errements ! On essaye de faire correctement les choses, alors ça passe par beaucoup d’échanges, quasi-quotidiens, pour que cela convienne aux différents partis et que tout le monde soit ravi au final. On verra ça le 7 mai au Petit Bain, si tout le monde a le sourire et que les seules grimaces sont celles de la danse ! HEHE.

 

 

 

MM : Un chagrin d’amour, un chagrin musical ?

 

FA : 
Hmmm… Des chagrins ? Pas tant que ça. Ou alors j’en cicatrise. Je suis d’un naturel très optimiste. 
Musical ? Ouais, surement aussi, mais alors vite oublié, supplanté par une nouvelle découverte fantastique !

 

 

 

Teenage Menopause Record : interview de mi-temps

Mai 2019

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