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Sep. 28, 2018

Norvège, carnet de voyage.

1.342,07 km en avion : 500 km en train : 450 euros de budget
10 jours : 100km à pied : 15 kg sur le dos
3 baignades : 3 nuits à Oslo : 3 refuges
2 pellicules argentiques : 2 nuits en camping sauvage
1 nuit dans le train : 1 engueulade : 1 paire de chaussures foutue

 

C’est le lendemain de la fête nationale que nous arrivons en Norvège et la petite ville d’Oslo se réveille d’une folle nuit colorée. Des cinq vaillants voyageurs, je suis la seule nana mais aussi… la seule à être expérimentée en randonnée ! Il est de mon devoir de tempérer les envies à la façon Into the Wild de certains… Peu après notre arrivée nous avons affaire à la conseillère du magasin du DNT, le service d’état qui donne accès au réseau de refuge de montagne. Jugeant sévèrement nos dégaines de citadins elle pense qu’une orientation préalable vers un parcours de santé s’impose. Et pourtant, c’est décidé, nous suivrons la direction de la côte de Bergen et de ses sentiers balisés avec, en ligne de mire, le trek pour les montagnes désertiques de Voss.

 

 

 

 

Nouveau départ, Voss

 

La fenêtre du train ressemble à une carte postale en mouvement. À mi-chemin, un bus traverse le plus haut plateau de la région. Les maisons colorées peinent à pointer le bout de leur nez sous les monticules de neige. Quelques heures plus tard, nous arrivons enfin, accompagnés de la lumière du soleil ascendant. Il est si tard que la ville semble déjà endormie. Nous sommes obligés de planter nos tentes à la va-vite sur les rives du fjord qui découpe la région de Voss, l’eau impose sa présence rassurante.

 

 

 

Premier réveil à Voss, en Norvège, vers 6 heures.

Premier réveil à Voss, vers 6 heures.

 

La nuit est courte et au réveil le soleil est déjà haut. Nous l’ignorons encore, mais cette journée va être très longue et la lumière du soir salvatrice. De 0 à plus de 1000m de dénivelé, notre matinée se résume à grimper. Des patchs blancs commencent à apparaître un peu partout et les contourner devient rapidement impossible. Nous devons marcher dans la neige. Je regarde les garçons et leurs chaussures de randonneurs du dimanche, en me demandant si c’était une bonne idée… Aux environs de midi nous atteignons le plus haut versant qui surplombe la vallée de Voss.

 

 

 

 

 

Vers Kiellanbu

 

Une fois le pic dépassé, toute trace de civilisation disparaît. Nous sommes sur un plateau entièrement recouvert de neige. Nos pas feutrés se noient dans le silence de la nature. Nous progressons au ralenti, perdus dans une immensité déconcertante.

 

La journée va s’avérer harassante : nous marcherons plus de 30 km, jusqu’à 23h30 non-stop. Même avec une bonne condition physique, en montagne, avec 15kg sur le dos, c’est énorme. Toutes nos barres énergétiques y passent puis nous devenons soucieux, silencieux comme des pierres. Lorsqu’on aperçoit enfin un lac et, comme niché à son abord, notre refuge, nous hurlons comme des damnés. À l’intérieur, un norvégien qui pensait être seul nous voit arriver, mouillés, blancs comme neige, transpirants, éreintés, mais heureux. Autour du poêle ce soir-là, une bouteille de vin est partagée et la journée disparaît dernière nous en quelques minutes.

 

 

 

 

 

 

Première douche face aux montagnes. Nos corps endoloris réclament un peu de repos que nous ne leurs accorderons pas de sitôt. Nous reprenons la marche l’après-midi. Une fois n’est pas coutume, nous évaluons mal le trajet car la neige ralentit considérablement notre rythme. Lorsque nous arrivons au refuge de Kiellanbu, le soleil commence déjà à se coucher. La vue est indescriptible. La petite cabane de bois est à la pointe d’un fjord abrupt. Au loin, les eaux qui fondent s’élancent des falaises. Saut de l’ange majestueux au bruit qui ressemble au frou-frou du coton. Dans la douce lumière orangée du soir, nous dégustons la sensation d’être chanceux et de toucher du doigt un moment de bonheur rare.

 

 

 

 

 

 

De Kiellanbu à Vendings

 

Réveil difficile. Les rationnements en nourriture se font un peu trop ressentir. Tout le monde est grincheux ce matin. Heureusement une fois en route, la tension se dissout. Nous sommes en train de descendre sur l’autre versant montagneux, et ici, la neige se fait plus éparse. Il faut dire qu’avec les vingt-cinq degrés de ces derniers jours, la fonte s’effectue à grande vitesse. À l’approche du refuge suivant et après au moins huit heures de marche, il est de profiter d’une pause pour se jeter dans un lac qui sort à peine du dégel. Electrochocs et cris en cacophonie.

 

 

 

 

 

 

 

 

De Vending à Trekkene Lake

 

 

Nous quittons les montagnes pour de bon afin de nous engager dans un chemin sinueux au creux de la vallée. Nos chaussures tiennent encore, par je ne sais quel miracle. Nous avons dû doubler nos chaussettes de sacs plastiques afin de garder nos pieds au sec pendant ces trois jours de trek en montagne. L’arrivée sur un sol sec est un réel bonheur. On fête une journée multi-baignades dans les rivières qui nous permet de réduire la cadence, enfin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

The road to Dale

 

Le bitume, la chaleur, les ampoules, tout cela, et puis les sacs qui sont vraiment trop lourds. Le voyage à pied touche à sa fin et c’est sans doute aussi bien ainsi. Après une journée de marche, nous arrivons à Dale, ville aux allures de dortoir soviétique. Construite sur une station hydraulique, l’endroit est à moitié déserté, de larges immeubles type HLM tombent en ruine. Tout est pavé, bétonné, tagué. Après nos massifs grandioses, l’arrivée à Dale est une énorme gifle. On décide de sauter dans le premier train qui pourra nous ramener à Oslo. L’envie d’un vrai lit, d’une vraie douche y est pour beaucoup.

Le train nous dépose à cinq heures du matin à la Sentralstasjon. Nous ne visiterons guère la ville les jours suivants, trop occupés à fuir la vague de chaleur qui se répand sur Olso. Trente degrés ! Les habitants n’en reviennent pas, certains s’en inquiètent même. Les mots « réchauffement climatique » sont sur toutes les lèvres.

 

 

 

 

 

 

Le dernier soir, on partage pêle-mêle la carte, le carnet de croquis, les poèmes
qu’on a essayé d’écrire, les photos sur nos portables. En rentrant à Paris, je me
précipite pour aller rechercher le développement de mes négatifs. Le voyage
continue encore lorsque j’ouvre la pochette.

 

 

 

 

 

 

 

Nina 

 

 

 

 

 

 

 

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